Civilisation Chachapoyas. Les ruines de Kuelap

La région est extrêmement riche en vestiges laissés par les cultures pré-incas. A 72 km de Chachapoyas se trouve Kuelap, considérée comme le « Machu Picchu du Nord ».

Quand on imagine le Pérou, on pense essentiellement aux Incas, mais de nombreux peuples les ont précédés. C’est le cas des Chachapoyas (ou guerriers des nuages), présents dans la région du IXe au XVe siècle. Ils ont été conquis par les Incas, eux-mêmes vaincus par les conquistadors espagnols.

C’est sous une pluie battante que nous débarquons dans la petite ville de Chachapoyas dans le département d'Amazonas. Impossible de trouver un bivouac pour la nuit. Toutes les rues sont inondées et la pluie n’a pas l’air de vouloir s’arrêter. Nous trouvons refuge dans un hôtel tenu par une famille péruvienne très sympa (7 € pour deux, la chambre est nickel).

20 octobre 2018

Le soleil refait son apparition et nous permet d’aller admirer le canyon del Sonche situé à quelques kilomètres de Chachapoyas. On profite de très jolis panoramas sur les montagnes environnantes.

Nous quittons Chachapoyas en tout début d’après-midi. La route qui relie la ville au site étant en travaux, les horaires de passage sont limités (de 18h à 7h et de 13h à 14h).

A 14 heures 30, après une bonne heure et demie de route et de piste cabossée, nous arrivons au petit village de Nuevo Tingo.

Trois possibilités s’offrent à nous pour rejoindre la forteresse de Kuelap située tout en haut sur les montagnes :

- en téléphérique,

- à pied, mais un dénivelé de 1 300 m nous attend sur un sentier de Ouf qui passe sous « le câble »,

- ou 35 km de piste avec Chouchou.

Nous optons pour la dernière solution. Nous prévoyons de coucher en face des ruines.

Le ciel est gris et menaçant. Nous nous engageons sur la « route » qui en une heure et demie doit nous conduire jusqu’aux nuages.

De loin, nous LA voyons serpenter sur les flancs de la montagne. ELLE nous paraît étroite et surtout les pentes paraissent... vertigineuses. 😳 Mais il s’agit sans aucun doute d’une illusion d’optique. Ça doit passer, Chouchou a une taille de guêpe !

Dans la montée nous sommes côte paroi... mais le passage est tellement étroit que, de toute façon, nous sommes également... côté précipice ! A l’approche des trois premiers éperons rocheux, on perd la visibilité. C’est impossible de voir ce qui arrive en face… Or, nous n’avons aucune confiance aux chauffeurs de collectivo ou de taxi. A maintes reprises, ils nous ont prouvé qu’ils n’étaient pas des plus « finauds ». Le moindre coup de volant peut être fatal. Nous ne sommes pas rassurés, c’est le moins que l’on puisse dire. On serre les fesses... Il faut se rendre à l’évidence, nous ne pouvons parcourir les 30 km qui nous séparent encore des ruines la peur au ventre d’autant que demain, c’est dimanche et on risque de croiser quelques véhicules en descendant… Si en plus, la pluie et le brouillard sont de la partie, on aura tout gagné ! En prenant de l’âge, on devient plus sage... On ne va pas tenter le 😈! Il nous faut faire demi-tour et ce, le plus rapidement possible ! Heu, oui, ok, mais comment ? Pas le choix : continuer à monter... Voilà un endroit un tout petit peu plus large. C’est NOW or NEVER ! 😬... Il y a des moments où t’aimerais être ailleurs et celui-ci en fait partie !

un mètre en avant, un mètre en arrière et... et…

Ça y est, Chouchou est dans l’autre sens ! La descente s’opère à 5 km/h, vitesse courte, frein moteur, surtout pas d’emballement, pas de coup de volant... silence radio... angoisse... non peur 😥. Les minutes paraissent des heures !

On se rapproche lentement mais sûrement de l’endroit où la piste s’élargit.

On est sauvé ! 😆 

Les taxis, les collectivos, certains touristes empruntent cette piste... Nous concernant, on a été incapable de l’affronter. On est réellement soulagé en arrivant au village. C’est devant une bonne 🍺 qu’on se remet de nos émotions...

C’est décidé. Demain à la première heure, nous visiterons Kuelap. Mais nous nous y rendrons en téléphérique 😉 !

Nous passons une excellente nuit, installés sur la place du micro village juste en face de l’église.

21 octobre 2018

A 8 heures 45, après avoir acheté nos 🎫, (5 € par personne) et grimpé dans un mini-bus, nous suivons la piste pendant trois kilomètres puis empruntons l’une des cabines de l’ultra moderne téléphérique POMA.

Cocorico 🐓. C’est une entreprise française qui a décroché le marché !

Par les parois vitrées, nous avons tout le loisir d’observer la piste que nous devions emprunter avec Chouchou. Aucun regret d’être là !

Vingt minutes après, nous débarquons à la billetterie du site (5 € par personne).

Une marche d’une demi-heure et nous apercevons la forteresse.

Un mur d’enceinte qui atteint parfois les 30 mètres de hauteur en fait le tour.

On entre par l’une des trois portes. La mieux conservée et la plus spectaculaire est fermée au public pour des raisons de sécurité. Ces ouvertures sont très étroites non seulement pour empêcher les intrusions mais également pour résister aux tremblements de terre.

Passés les portes, on remarque la présence de deux plateformes sur lesquelles a été édifié le village. La citadelle est très vaste et comprend pas moins de 400 structures circulaires.

Perchée à 3 080 m d’altitude au milieu d’une jungle d’orchidées accrochées aux arbres couverts de mousse, la forteresse offre une vue stratégique sur les vallées alentours. On a l’impression de frôler les nuages.

On aborde un bâtiment ayant la forme d'un cylindre renversé : le Templo Mayor. Les archéologues ont trouvé à l'intérieur des restes d'ossements ce qui pourrait laisser supposer qu'il s'agit d'un endroit hautement religieux qui servait pour les sacrifices humains !

A partir de cet instant, on laisse vagabonder notre imagination...

L’an 1000.

La civilisation Chachapoyas est à son apogée. Le site est recouvert de centaines de jolies petites maisons rondes couvertes de toit de chaume...

et décorées de frises de pierres qui nous rappellent celles qui ornent les murs du village de Nuevo Tingo...

Au moins 3 000 personnes vivent ici...

Dans les années 1400, la civilisation se serait éteinte suite au massacre de ses habitants... Vengeance entre familles de la même civilisation ?

Le site tombe ensuite dans l’oubli jusqu’en 1843 lorsque des péruviens le redécouvrent enfoui sous une dense végétation.

Ce n’est qu’au XXe siècle que la cité de Kuelap reprend vie pour devenir l’un des sites archéologiques les plus remarquables du Pérou.

Il ne peut toutefois encore rivaliser avec le grand, l’unique Machu Picchu mais il mérite amplement qu’on lui consacre une demi-journée.