Bilan de nos neuf jours au Salvador

❤️

  • L’accueil chaleureux de la population avec des salvadoriens fiers que les étrangers viennent visiter leur pays. Partout sur notre passage, des visages souriants, des signes de mains amicaux.
  • Les forces de l’ordre, policiers et militaires, très sympas et toujours à notre écoute.
  • Pays attachant par excellence.
  • Le réseau routier bien meilleur que ses voisins. Malgré tout, une vigilance constante s’impose en raison des topes et des trous béants (mais rares) sur la chaussée.
  • L’ascension du volcan Santa Ana.
  • La rencontre avec sœur Peggy.
  • La végétation luxuriante et belle lorsqu’elle n’est pas souillée par les détritus... 😫

💔

  • La pauvreté, omniprésente. 
  • La circulation difficile dans et aux abords de la capitale : c’est du n’importe quoi, n’importe comment au mépris de toutes les règles élémentaires de sécurité.
  • L’insécurité, latente dans tous les lieux publics et privés gardés par des gens en arme (même les maisons les plus modestes sont gardées et clôturées par des fils barbelés anti-intrusion).
  • La peur d’arriver par erreur dans un quartier tenu par les gangs.

À notre humble avis, ce n’est pas un pays qui semble conseillé aux touristes « lambdas ».

Mais les routards aguerris qui ont déjà traîné leurs « savates » dans certaines parties du 🌍 y trouveront certainement leur compte !

La majeure partie des articles sur El Salvador fait mention de gangs qui sévissent dans le pays : les MARAS. Mais qui sont les membres de ces organisations mafieuses qui sévissent au Mexique, en Amérique Centrale et notamment au Salvador ?

 

Extrait du petit futé 2018

La France a entendu parler de ces gangs armés par l’intermédiaire du documentaire coup de poing du réalisateur franco-espagnol Christian Poveda, La vida loca (2009). Alors qu’il venait à peine de terminer ce travail d’investigation de seize mois au cœur d’un des gangs les plus dangereux du Salvador, la Dieciocho (18), le réalisateur français a été assassiné de plusieurs balles au nord de San Salvador. Les maras (ou pandillas), phénomène méconnu en Europe, sont alors arrivés sur le devant de la scène.

Le mot mara proviendrait du caliche, un argot salvadorien qui désignait originellement la fourmi légionnaire. Aujourd’hui, c’est une abréviation de marabunta, une migration massive et destructrice de ces fourmis chasseuses. Le sens du mot a évolué de groupe d’amis pour finalement désigner un groupe de criminels ultraviolents.

Les maras généralement mêlées à des affaires de stupéfiants sont organisées comme les mafieux. Dans les années 1980, dès le début de la guerre civile, il y eut une forte vague d’émigration du Salvador vers les États-Unis à cause des conditions de vie difficiles et dangereuses. Certains de ces émigrants se regroupèrent et formèrent des gangs. En 1992, les États-Unis entamèrent alors des procédures radicales pour rapatrier les Salvadoriens dans leur pays d’origine. Beaucoup d’adolescents, population majoritaire des maras, ne connaissaient pas le Salvador et ne parlaient pas espagnol. De retour dans leur pays, ils continuèrent naturellement leurs activités illicites. Et le passé violent du pays ainsi que la pauvreté ont facilité leur implantation.

 

MS-13 contre 18ST

Deux principaux gangs se livrent une guerre sans merci :

la Mara Salvatrucha (ou MS-13) 

et la Mara 18 (ou 18ST)

Elles ne cessent de s’attaquer continuellement et de se haïr sans aucune limite.

 

La Mara Salvatrucha connue sous le sigle MS-13 a pour ennemi juré la Mara 18.

Né en 1959 à Los Angeles, ce gang regroupe des membres salvadoriens, honduriens, mexicains. Le nom de la Mara Salvatrucha signifierait « la rue intelligente ». Lorsqu’elle s’est alliée à la Mafia mexicaine (la « Eme »), le gang a adopté le nombre 13, M étant la treizième lettre de l’alphabet. Formée dans les rues de Los Angeles dans les années 1980 par les immigrants fuyant la guerre civile du Salvador (la plupart sont d’anciens guerilleros du FMLN), la Mara Salvatrucha regroupait des jeunes faisant la fête et souhaitant se mettre sous la protection d’une bande pouvant leur permettre de ne pas être attaqués par les autres gangs hispaniques de la Cité des Anges. L’influence du gang et la réputation de sa violence ont grandi dans les rues de L.A. et se sont étendues à d’autres villes. En 1996, le gouvernement américain a commencé à utiliser l’expulsion comme une stratégie pour renvoyer les immigrés clandestins. Les membres de la MS-13 ont ainsi été renvoyés dans leurs pays d’origine créant de nouvelles factions à travers l’Amérique centrale.

Aujourd’hui, la MS-13 est une organisation violente, internationale avec environ 80 000 membres dans le monde entier. Ses principaux revenus proviennent de l’extorsion de fonds, le vol, les assassinats et le trafic de drogue. De plus, en raison de sa réputation d’extrême violence et de brutalité, les membres sont fréquemment embauchés par d’autres gangs comme des tueurs à gages.

 

La Mara 18, aussi connue sous les appellations Eighteen Street, la calle Dieciocho, 18ST ou XV3, est le gang rival de la MS-13.

La Mara 18 est également une organisation internationale ultraviolente née aux États-Unis et compte 65 000 membres rien qu’à Los Angeles.

 

Entrer et sortir d’une mara

Dans certains quartiers sensibles de San Salvador, entrer dans une mara est quasiment une obligation. On fait partie soit de la Mara 13, soit de la Mara 18, et on est par conséquent toujours l’ennemi de quelqu’un. Pour intégrer la Dieciocho, le « rite » veut qu’un homme doit être frappé pendant 18 secondes tandis qu’une fille devra coucher avec 18 membres de la mara. Tabassage et viol collectif sont aussi valables pour intégrer la MS-13. Les rencillas (batailles entre maras) font beaucoup de morts... C’est la raison pour laquelle une trêve avait été signée en 2013 avec le gouvernement salvadorien afin de baisser le nombre d’homicides entre gangs rivaux. Quant au fait de sortir d’une mara, c’est quasiment impossible, si ce n’est par la mort. Des associations religieuses, salésiennes notamment, viennent en aide à ces jeunes qui souhaiteraient changer de vie et reprendre des études ou formations professionnelles, car c’est bien de là que vient le problème : les maras grouillent de jeunes originaires de familles destructurées et n’ont bien souvent aucune instruction. La mara devient alors leur famille et n’admet pas qu’on puisse la quitter ou la trahir. Ceux qui essaient de se reconvertir et de sortir de la mara ont de grandes chances de se faire assassiner par elle tôt ou tard... D’autre part, les tatouages ostentatoires sont un réel handicap pour trouver du travail et ainsi sortir de ce cercle vicieux.

 

Les tatouages : « une carte de visite indélébile »

Les tatouages font partie d’un rituel à part entière. Les membres des gangs se recouvrent le visage et le corps d’innombrables tatouages mêlant symboles, dessins et autres citations pour un résultat vraiment saisissant. Les lettres M et S se rapportent évidemment à la Mara Salvatrucha, tout comme le nombre 13. On retrouve aussi souvent les larmes au coin de l’œil pour symboliser le fait qu’ils ont commis un ou plusieurs meurtres... Les mots dinero, droga y mujeres (argent, drogue et femmes) ornent souvent en lettres gothiques les avant-bras ou les doigts, tandis que des croix, des Vierges, des pentagrammes et autres symboles religieux ou occultes complètent l’œuvre. L’appartenance à tel gang est gravée dans la chair et clairement affichée ; croiser le membre du gang adverse est donc explosif... Les symboles utilisés comme tatouages sont aussi bien utilisés dans les graffitis que dans les écrits personnels des membres de la mara. Autre signe d’appartenance à un gang : le salut bien particulier que font ses membres avec leurs doigts. Chaque gang a ses codes. Le signe de la main le plus utilisé est la lettre M formée de trois doigts la main orientée vers le bas.

 

Situation actuelle

Aux États-Unis, on compte environ 15 000 membres de la Mara Salvatrucha. Tous les membres recrutent constamment des jeunes. Il n’y a pas d’âge pour rentrer dans le gang. Certains y sont depuis l’âge de cinq ans. On les retrouve au moins dans 42 États américains, de New York à l’Alaska. Le gang a ainsi des bastions aux États-Unis, au Salvador, au Mexique, au Honduras et au Guatemala, ainsi qu’une présence significative en Espagne, au Nicaragua et dans d’autres pays d’Amérique latine.

Environ 2 % des membres des gangs sont des femmes. Leur initiation implique un viol collectif. Elles sont également tatouées. À l’intérieur du gang, elles ne sont pas vues comme des femmes mais comme un membre à part entière et sont amenées à commettre les mêmes délits ou crimes que les hommes. Aux États-Unis, les maras sont reconnues comme des organisations criminelles internationales. Le FBI a une section spéciale pour enquêter sur les crimes perpétrés par la MS-13 et une loi appelée Rico, créée pour combattre la Mafia, a pour but de poursuivre les membres du gang.

Le problème des maras est encore loin d’être réglé au Salvador, bien qu’une trêve ait été signée entre les maras et le gouvernement durant quelques mois en 2013. Le taux des homicides avait alors connu une baisse. Cette trêve est aujourd’hui terminée mais il faut tout de même préciser que ces délinquants ne représentent en rien la population du Salvador et qu’ils ne sont pas présents dans les lieux touristiques.

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