10 mai 2018
La nouvelle tant attendue est arrivée ! Marie et Jean-Marc ont récupéré non seulement notre CB mais également le code. La « tarjeta » est partie tout de suite en Chronopost chez Sandra. Le bébé se présente bien ! Plus que trois étapes : la réception, le vol et... la livraison à l’aéroport de Guatemala City mercredi prochain.
Le vrai parcours du combattant pour récupérer notre CB. Il aurait été tellement plus facile que la Banque Populaire nous la transmettre directement au Guatemala... Bref...
Ce matin, on « met les voiles » vers Antigua, la plus jolie ville du Guaté.
Nous optons pour la route la plus roulante, enfin façon de parler... Ici, pas trop de topes mais Chouchou slalome en permanence pour éviter les trous profonds qui constellent le bitume.
Après les trous, les travaux 🚧, la poussière, les bouchons ! Inutile de continuer, on n’arrivera jamais à destination avant la nuit. On s’arrête dans un hôtel en bordure de route. On a la permission de dormir sur le parking et même de déplier notre tente de toit pour six euros. Passé 20 heures, le portail se ferme et le gardien veille sur nous. On sait que la nuit sera agitée à cause de la circulation.
11 mai 2018
J’ai dormi comme un bébé. Éric me dit qu’il n’a pas fermé l’œil de la nuit ! Mon 👁 !
Antigua est à une bonne heure et demie de route. Il faut tout d’abord traverser Guatemala City. Franchement, aucune envie d’y traîner nos tongs ! Bidonvilles en périphérie, pollution, circulation... Rien de très engageant !
A une quarantaine de kilomètres de la capitale politique et économique, se trouve la capitale « touristique », Antigua Guatemala, appelée plus simplement Antigua.
La petite ville coloniale de 50 000 habitants est entourée par trois 🌋 : l’Agua (3 766 m), l’imposant gardien qui semble majestueusement veiller sur la ville, le Fuego (3 763 m), qui émet toujours des fumerolles depuis son éruption de 2002, et l’Acatenango (3 976 m).
Plusieurs tremblements de terre ont ébranlé Antigua. Le dernier date de 1976 et a anéanti la ville.
Trois ans plus tard, l’UNESCO l'a classée au rang de patrimoine historique de l’humanité.
Grâce à cette reconnaissance internationale, elle bénéficie d’un important programme de restauration, même si de nombreux édifices historiques sont encore à restaurer. Epargnée peut-être par les courroux de Dame Nature, Antigua reste telle qu’elle était à la fin du XVIIIe siècle, sans modification architecturale notoire et à l’abri de l’explosion urbaine caractéristique des pays latino-américains !
Nous apprécions nos balades dans les ruelles pavées, bordées de maisons basses et colorées de l’époque coloniale. Antigua est tellement jolie avec ses petites boutiques, ses restaurants installés dans les patios et ses vendeuses ambulantes d’artisanats locaux !
Mais Antigua est aussi une excellente base pour découvrir les richesses des alentours, notamment le Pacaya.
La seule évocation de ce volcan nous rappelle l’un de nos meilleurs souvenirs, si ce n’est le meilleur, de notre précédent voyage au Guaté.
Le Pacaya est un volcan actif de 2 552 mètres d’altitude.
Après être resté endormi durant près d'un siècle, il est entré en éruption en 1961. Depuis, son activité est relativement constante. Le Pacaya est entré à nouveau dans une phase éruptive du 19 juillet 2004 au 28 octobre 2010, projetant de la lave, des fumées et des cendres, qui se sont élevées jusqu'à 1 000 mètres.
Flash-back. 17 décembre 2007
Nous sommes avec Allan et souhaitons absolument gravir ce volcan. De par son activité, on ne peut y accéder en individuel. Nous arpentons les rues d’Antigua pour trouver le guide qui accepterait de nous mener tout en haut... Devant les refus, on se rend directement au pied de la montagne de feu pour tenter notre chance. Le hasard met un guide, Augusto, sur notre chemin ! Il accepte de nous conduire au sommet ! L’ascension commence en début de matinée sur un sentier bien tracé. Le ciel est blanc laiteux. On est seul au monde ! Puis IL apparaît immense, majestueux. IL dresse son cône légèrement aplati devant nos yeux. La lave noire recouvre ses flancs. C’est maintenant dans un chaos de roches déchiquetées et coupantes que nous évoluons (mes pataugas ont rendu l’âme lors de l’ascension !). Risque de coupures ! Ne surtout pas poser les mains ! Parfois, un petit chemin est tracé dans la lave refroidie. La progression est lente, très lente jusqu’à la pente sommitale. Son souffle, ses grondements se rapprochent. Nous sommes obligés de progresser courbés jusqu’au cratère. Nous nous arrêtons à quelques mètres de la lèvre du volcan. Impressionnés, sans voix, nous restons quelques minutes au sommet pour profiter du spectacle étourdissant et... assourdissant.
Nous redescendons par le même sentier, émus par ce que nous venons de vivre.
Parvenus sur les flancs du Pacaya, le ciel s’obscurcit. Un fleuve, resté invisible jusqu’alors, s’écoule lentement du cratère. La montagne est rouge. Des coulées de laves incandescentes à perte de vue. Le Pacaya saigne ! C’est magnifique, magique, irréel et ... tellement terrifiant ! La chaleur qui se dégage est quasi insupportable ! Les bâtons s’enflamment au contact de ce liquide visqueux que rien ni personne ne semble pouvoir arrêter.
Impressionnés, on sait maintenant que le Pacaya est actif ! Les images, les émotions exceptionnelles restent gravées dans nos mémoires grâce au professionnalisme d’Augusto. Seules restent quelques photos de piètre qualité et une vidéo tournée sur la lèvre du cratère, le Canon utilisé pour immortaliser certains moments nous ayant été dérobé quelques jours plus tard, le soir de Noël... 😩
13 mai 2018
Nous sommes prêts à revivre notre aventure. C’est tout naturellement que Chouchou nous conduit au pied du Pacaya.
17 heures. Il pleut, la brume nous enveloppe, la piste est boueuse ! Ce n’est pas très engageant tout ça ! Que nenni ! On attendra le temps qu’il faudra !
Nous sommes à quelques kilomètres du point de départ pour l’ascension. De jeunes hommes nous arrêtent pour nous proposer leurs services pour le lendemain. On s’arrête, on hésite, on aimerait tant retrouver « notre » Augusto. Il nous faut un endroit plat pour cette nuit. On s’arrête chez un certain Jorge. Il met un terrain boueux à notre disposition pour six euros. Cinq ou six chiens agressifs avec les chevaux, des gamins qui ne cessent de nous tourner autour ! C’en est trop, aujourd’hui on n’est pas open pour supporter tout ce vacarme 😤 ! Une demi-heure après, on quitte les lieux.
On arrive à San Francisco de Sales (1 852 m) au pied du volcan. La place revêtue de terre, quelques hommes assis, un mini-market, un petit hôtel. On montre la photo de notre guide préféré.
Un doigt se tend et nous voyons apparaître notre Augusto. La casquette vissée sur la tête, il a toujours le même visage rayonnant et souriant, buriné par le soleil. En fait, il n’a pas changé ! Évidemment, il ne nous reconnaît pas. Il en a vu défiler des touristes de tous âges et de tous horizons ! Nous lui montrons les photos prises onze ans plus tôt. L’émotion se lit sur son visage et dans ses yeux. Dans les nôtres aussi ! Même si on pense ne pas avoir besoin de guide, on lui demande s’il est disponible pour nous accompagner ! Nul besoin d’insister ! Même pas on discute du prix, on est trop contents de retrouver le seul guide qui a voulu nous emmener tout en haut du Pacaya ! De plus, Il nous demande cent quetzals soit dix euros de moins que les guides rencontrés en venant au village !
On stationne Chouchou sur la place avec la « bénédiction » des gens du village. On est serein pour cette nuit.
On s’installe avec Augusto et il nous raconte... Il nous parle avec passion et émotion des sautes d’humeur de SON Pacaya. Il est marqué à vie par l’éruption du 27 mai 2010 qui a quasiment enseveli son village. 50 minutes d’angoisse, de peur, de cris ! 50 minutes à rester terrer sous un abri de fortune en attendant que SON Pacaya cesse de cracher ses « bombes incendiaires » comme il les appelle, sur SON village. Les toits éventrés, les feux qui se déclenchent aux alentours ! Car ce n’est pas la lave qui tue. Celle-ci ne va pas très loin et surtout, elle se déplace lentement. Non, le plus dangereux, ce sont les éjections de pierres, incandescentes le plus souvent qui, propulsées à des kilomètres d’altitude, retombent ensuite avec force. Fort heureusement aucune victime n’est à déplorer dans le village. Seul un journaliste qui couvrait l’événement a trouvé la mort sur les pentes du Pacaya. Plusieurs chevaux ont également été retrouvés mort après l’éruption.
Il revit ces scènes apocalyptiques ! Nous, on les vit par procuration !
Malgré les conseils des autorités, il n’a pas voulu quitter sa maison pour aller s’installer plus bas dans la vallée.
Suite à cet épisode, les touristes ont afflué. Cet apport d’argent lui permet de faire vivre sa famille plus décemment. Il est attendrissant et... tellement vrai !
Il nous dit qu’en ce moment :
- on ne peut monter jusqu’au cratère car le Pacaya est en éruption permanente depuis des mois ! Mince alors !
- qu’il n’y a pas de coulées de lave sur les flancs du volcan. Re mince alors !
Mais il rajoute que dès que le soleil se couche, que la nuit tombe, les éruptions sont spectaculaires.
Nous sommes tout excités. Bon alors Augusto, on part quand ? Il regarde sa montre : 18 heures.
« Si el cielo se aclara, podemos ir ahora. Si no, mañaña a las quatro ! » 4 heures du matin ! 😏
On attend patiemment mais la pluie ne cesse pas. Par obligation, on remet notre escapade au lendemain matin !
Certains jours, il nous arrive d’avoir une baisse de moral mais ce soir, on a « la patate » ! Le gardien, présent durant la nuit, nous donne l’autorisation de déguster notre assiette de « semoule / jambon cru » sous une sorte de préau qui sert d’« office de tourisme ».
Il faut dormir 😴 car demain matin, on « affronte » le monstre ! Lol !
14 mai 2018
4 heures. Toc toc ! C’est qui ? C’est Augusto !
Il bruine. Aïe aïe aïe ! On y va ? On n’y va pas ? Aller, on décide d’un commun accord de tenter l’aventure. Quelques barres énergétiques, une gourde, les gore-tex, les gants... les parapluies dépliés... et les frontales en place... On y go !
On est dix : nous trois et sept chiens du village qui ont décidé de nous accompagner ! Il fait nuit noire. On veut arriver au mirador avant que le soleil ne se lève pour assister aux projections de pierres incandescentes. Personne ne dit mot, on se contente de marcher sur un chemin parfaitement tracé recouvert tantôt de galets, tantôt de cendres volcaniques noires. Chacun espère qu’en prenant de l’altitude, le ciel va se dégager, ce qui va nous permettre de voir ce pour quoi nous sommes venus.
5 heures 30 : on aperçoit des lueurs rouges dans la nuit. Il faut encore monter ! On est dans la forêt... Malheureusement, en arrivant au mirador vers 6 heures, on distingue les contours du volcan. Il se dresse massif, sombre, intriguant ! Trop tard ! Le soleil pointe son nez ! Éric peste !
On entend les grondements. On voit les projections de pierres qui s’élèvent à des dizaines de mètres au-dessus du cratère.
La végétation luxuriante a laissé place à un paysage où domine la couleur noire. Les flancs sont recouverts de lave refroidie et solidifiée. Tout n’est que chaos et désolation !
La cendre volcanique s’est insérée dans les moindres interstices de roches. Les différentes nuances de noir donnent une idée des multiples éruptions qui se sont succédées depuis des décennies.
Çà et là, des petits tunnels de lave. Ils se sont formés par des coulées qui se sont refroidies en surface en formant une croûte solide dont le cœur est resté fluide permettant à la lave de continuer à s’écouler. Lorsque la coulée cesse d’être alimentée par la lave en fusion, ils se vident et laissent une cavité en forme de galerie.
D’énormes rochers projetés lors de l’éruption de 2010 sont plantés dans les cendres.
Des minis volcans ont vu le jour lors de cette même éruption.
On est sur une « cocotte-minute » susceptible d’exploser à tout moment. Le plaisir d'être là avec Augusto balaie notre petite déception.
Nous redescendons au village vers 10 heures 30 et croisons des dizaines de touristes qui s’apprêtent à fouler les pentes du Pacaya. À notre arrivée, des chevaux et des guides attendent les « clients ».
On reste sur notre faim, persuadés d’avoir loupé quelque chose ! Le spectacle se déroule la nuit, on en est certain. Il faut y remonter ce soir. On peut y aller seuls, on connaît l’itinéraire mais on demande à Augusto s’il est prêt à nous raccompagner ! D’une part, ça nous fait plaisir de le faire travailler et d’autre part, c’est sécurisant car les randos nocturnes prennent une tout autre dimension !
On attend patiemment, guettant les moindres caprices de la météo. On s’installe dans le seul petit restau du village. Éric bricole sur l’ordi et j’en profite pour faire une petite sieste dans Chouchou en prévision de notre épopée nocturne !
16 heures : de la brume, des nuages sur le village, mais qu’en est-il en altitude ?
Augusto est optimiste ! Nous aussi, on y croit !
16 heures 45 : dans un premier temps, on emprunte le même itinéraire que le matin.
Puis c’est un chemin beaucoup plus pentu qui nous emmène jusqu’à un mirador.
18 heures : une brume épaisse nous enveloppe. On ne le voit pas mais on l’entend gronder ! On a de la chance depuis le début, il faut que ça continue !
Soudain, comme par enchantement, la brume se dissipe. On aperçoit ses contours, puis le cratère. Quelques secondes plus tard, de petites éruptions rouge pâle !
Le soleil disparaît. L’obscurité est totale. Le spectacle peut commencer !
Le volcan vomit des tonnes de roches incandescentes qui se déversent sur ses flancs. Les éruptions se succèdent à une cadence infernale, certaines plus spectaculaires que d’autres. On reste deux bonnes heures à observer ce phénomène. On ne s’en lasse pas. Malgré le froid et l’humidité, on ne peut détacher notre regard de ce phénomène extraordinaire. Augusto est aussi excité que nous. Ah il l’aime SON Pacaya !
A 11 ans d’intervalle il nous aura tout montré : son cratère fumant, ses magnifiques coulées de lave et ses spectaculaires éruptions.C’est ravis que nous redescendons jusqu’à Chouchou.
On comprend mieux pourquoi, aujourd’hui, il nous était impossible de grimper jusqu’au cratère du Pacaya !
Mission accomplie
A peine la force de manger un morceau, c’est dans notre Chouchou que nous nous endormons pour une nuit pleine d'étoiles.
15 mai 2018
Un dernier petit café avant de quitter Augusto... En espérant revoir notre guide préféré et son Pacaya avant 11 ans !
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MC 3448 (mercredi, 16 mai 2018 21:37)
MAGNIFIQUE !!!!
Nous deux (mercredi, 16 mai 2018 23:52)
Oh que oui! On en a pris plein les yeux et on n’espère qu’une chose, grimper à nouveau pour en voir un autre!
Mu
odile et christian (jeudi, 17 mai 2018 13:31)
véritable feu d artifice naturel bisous
Jean-luc.lhotelier@wanadoo.fr (jeudi, 17 mai 2018 16:55)
Merci AUGUSTO.
Savoir savourer ces moments
reste un bonheur incommensurable.
Ces instants vous les cherchez.
Vous les provoquez.
Bravo à VOUS et merci pour nous qui en profitons remarquablement.
Bises de Vendée
JlJ
Nous deux (jeudi, 17 mai 2018 18:23)
Merci à tous.
Au fait jean Luc, tu as déménagé en Vendée? �