21 - 25 août 2017. Le Parc Wrangell-St Elias
Itinéraire sud. Kennecott - Mc Carthy
En passant au col de Thompson Pass à quelques kilomètres de Valdez, nous profitons d’une petite accalmie pour faire une rando. Nous partons voir le Worthington glacier de plus près. Ca grimpe sec 😓mais la récompense est au bout du sentier 😲. On essaie d’imaginer ce monstre il y a des décennies. La moraine nous en apprend beaucoup sur ses dimensions et sur la hauteur de glace. C’est très beau et ça devait être fabuleux !
Le temps semble s'améliorer un peu. Les sommets commencent à se découvrir...
Sud du Parc Wrangell-St Elias
Nous continuons vers le Parc Wrangell St-Elias et dans un premier temps vers les villages de Mc Carthy et Kennecott. Pour y accéder, on emprunte une route asphaltée sur quelques kilomètres, puis une piste en gravier assez bien entretenue sur une centaine de km.
On s’arrête pour la nuit après avoir parcouru quelques 250 km. On croise les doigts pour que le soleil brille à nouveau ou pour être moins gourmands, que la pluie cesse enfin.
Ce soir, on sort le grand jeu. On mange le saumon que nous a donné gentiment le pêcheur russe à Valdez. Le plus difficile : faire les filets !
Au cours du repas, nous sommes toujours attentifs notamment à la faune susceptible de nous rendre une petite visite. Soudain, Eric m’interpelle : « Là, Mu, tu vois... Juste sur le talus » ? Effectivement, une masse sombre se détache. La « chose » semble nous observer. C’est quoi ? Un ourson, non deux petites oreilles pointues, un lynx ? Le Polaroïd nous donne davantage d’informations sur la bêêête… Un zoom plus tard… punaise, c’est un genre de hibou ! Il est énorme, il nous regarde avec ses deux gros yeux tout rond. Il a été l’invité surprise de la soirée.
On s’apprête à parcourir les quelques 50 kilomètres qui nous séparent du village en cul de sac de Mc Carthy.
En chemin, on remarque les anciens ponts des chemins de fer qui acheminait le cuivre vers Cordova à quelques 150 km. On essaie d’imaginer ces hommes qui, au début du siècle dernier, ont construit cette voie dans des conditions de travail extrêmes.
Quelquefois, les panneaux sont criblés de trous de balles et nous rappellent la Corse...
La piste s’arrête à un kilomètre du village de Mc Carthy. Un petit pont permet de traverser la rivière mais les voitures ne peuvent l’emprunter. Les derniers km se font soit en mini bus gratuit, soit à pieds.
On s’arrête à l’office des guides. Le jeune que l’on rencontre nous dit qu’il y a, au bord de la rivière, un camping à 5$. Il s’agit d'un immense terrain sans aucune commodité, si ce n’est des toilettes sèches un peu spéciales. Quand on est assis sur le « trône », on tire sur une corde reliée à un système de poulie et un petit fenestrou s’ouvre à hauteur du visage. Eric trouve ça trop cool et y passe l’après-midi ! Un rien l'amuse. C’est pas vrai, elle délire !
Pour ce prix, on déplie notre tente de toit et on s’installe. On se rend à la boîte aux lettres pour payer et ce n’est pas 5 mais… 20 $ 😨. En plus, il n’y a même pas de poubelles, on doit les mettre dans la voiture. Je ne te dis pas l’odeur si tu restes une semaine 😩. Pour ce prix là, on remballe le matos. Radins que nous sommes ! Non mais il ne faut pas exagérer non plus. De toute façon, on a repéré un endroit où pieuter à cinq kilomètres de là… et c’est gratuit.
On est Ok pour payer le parking à la journée mais pas plus. On va faire un petit tour, à pied, à Mc Carthy. Ce petit village de 28 habitants (20 hommes pour 8 femmes) a été créé au début du XXème siècle. C’était un endroit de divertissement : alcool, femmes et chansons ! En d’autres mots, saloons, restaurants et quartier douteux. Il est situé au milieu de nulle part dans un cadre superbe. Quelques établissements, hôtel, saloon, troquet, bureau des guides entretenus et coquets, quelques bâtiments de l’époque héroïque des mines de cuivre mais aussi beaucoup de « merdouilles » genre carcasses de voitures, ferrailles… quel gâchis ! Toutefois et indéniablement, il se dégage des lieux une certaine atmosphère pas désagréable du tout.
Mc Carthy est le point de départ pour visiter les « ruines » de Kennecott (ce sera pour demain). Pour aujourd'hui on décide de regagner notre bivouac situé à cinq kilomètres. Il fait doux et il ne pleut pas. Ca nous change des jours précédents ! 😊
Le lendemain matin, après une nuit calme, nous préparons nos sacs à dos, le pique-nique et c’est parti pour une rando de 19 km direction Kennecott et le glacier Root.
KENNECOTT est tout simplement la plus grande ville fantôme d’Amérique du Nord. En 1900, deux prospecteurs ont trouvé du cuivre à cet endroit. Alors qu’en règle générale les mines contenaient 2 % de cuivre, cet endroit offrait une moyenne de 15 % avec des exceptions atteignant les 70 %.
Très vite, l’endroit a prospéré avec l’arrivée du chemin de fer en 1911. Un grand complexe, de couleur rouge, a été érigé avec des bureaux, des magasins, des baraquements pour ouvriers, un hall de réception, une école et même des courts de tennis. Le tout perché en flanc de montagne. De 1911 à 1938, les mines ont tourné à plein rendement pour extraire près de 590 000 tonnes de cuivre. Mais, lorsque tout a été extrait en 1938, la place a été abandonnée. Tout a été laissé sur place ! Ce qui en fait un des lieux les mieux préservés de l’histoire minière de l’Amérique.
En 1974, le chemin de fer a été reconverti en route. Kennecott a été livré à lui-même et les habitants n’ont pas hésité à piller l’ancien complexe de ses fenêtres, portes ou objets pouvant leur servir.
A cela s’est ajouté la contribution des touristes qui ont emporté tout ce qui pouvait être un souvenir.
Neuf kilomètres et nous voici arrivés au village fantôme. La situation est tout simplement incroyable : d’un côté les pics acérés et de l’autre la moraine du glacier Roots, gigantesque, magnifique, inquiétante avec ses crevasses béantes qui laissent entrevoir la glace bleutée.
Les constructions sont faites de bois peint en rouge ce qui embellit le site et le rend si particulier. Malgré certains bâtiments bancals, d’autres ont été rénovés à l’identique : la salle des machines, l’épicerie, les cottages des cadres, l’officine, le bureau de poste. Un ancien bâtiment est devenu hôtel, tandis qu’un autre connaît une nouvelle jeunesse avec un bureau des guides lesquels proposent des excursions sur glacier aux touristes.
Nous trouvons que Kennecott est un très beau témoignage du passé.
Nous continuons notre randonnée en progressant le long de la moraine pour arriver quelques km après sur la langue du glacier qui, elle, est d’un blanc immaculé. Nous devinons les sommets enneigés que nous cachent les nuages.
Le retour se fera par le chemin de montée jusqu’à Kennecott puis en shuttle pour les huit derniers kilomètres qui se font sous la pluie. Nous arrivons trempés à Chouchou et c’est le chauffage à fond que nous faisons sécher les vêtements.
Nord du Parc Wrangell-St Elias
Aujourd’hui 24 août, c’est l’anniversaire d’Eric. On va le fêter dignement.
Toujours dans le parc Wrangell-St Elias, nous empruntons cette fois-ci la piste de Nabesna longue de 70 kilomètres qui nous permet de serpenter entre les montagnes qui nous entourent. Nous trouvons un camping rudimentaire mais très bien entretenu qui nous accueille pour deux nuits. La piste se termine en cul de sac. Un petit aérodrome permet de ravitailler les quelques maisons qui se trouvent dans ce petit bout du monde.
Anecdote :
Un panneau en bordure de route mentionne : NO HUNTING.
Éric me dit : « je suis content, depuis que je suis ici, j’apprends de nouveaux mots en anglais, c’est super. Là, tu vois, on ne doit pas jeter de détritus ».
Qu’est-ce qu’il dit ! L’inscription indique que… la chasse est interdite ! Ca nous a fait bien rigoler !